Le Musée Maillol expose jusqu'au mois de février les témoignages d'une ville engloutie, Pompéi. C'est une exposition à taille humaine (et ce n'est pas pour nous déplaire !) composée de neuf parties : au rez-de-chaussée, nous retrouvons les moulages, la
culina, la maison : entre
atrium et
triclinium et la religion domestique ; puis au premier étage,
l'instrumentum domesticum (en trois catégories), Eros dans la maison et nous finissons par les jardins et les péristyles.
Les moulages,
Dans une toute petit pièce, nous découvrons les corps des victimes de l'éruption. Ici, deux corps humains sont exposés, en plâtre, et un chien, en plâtre, os et bronze. C'est une vision assez terrifiante qui se fige sous nos yeux, et en même temps, c'est fascinant. La clarté des corps contraste avec la couleur foncé des murs. Absolument saisissant.
La
culina,
Vous avez compris, nous voici arrivés dans la cuisine. A l'origine, il s'agissait d'un simple foyer à même le sol. Par la suite, un comptoir a été aménagé sur lequel du bois ou du charbon était brûlé. Comme nous, les Romains consommaient trois repas par jour, le plus important étant celui du soir (
coena). Dans cette
culina, nous retrouvons une balance avec ses poids, une louche, une passoire merveilleusement travaillée, des coupes, un moule, des plats... tous en bronze ! Et à gauche de la pièce, un laraire, autel destiné au culte des Lares, les dieux du foyer.
La maison, entre
atrium et
triclinium,
L'
atrium est le lieu de la maison où le maître y accueillait les visiteurs. L'
atrium possède une large ouverture au centre du toit, recueillant les eaux de pluie dans un bassin qui alimentait une citerne souterraine. Le
triclinium, destiné aux banquets, était quant à lui situé au cœur de la maison. Orné de peintures, il donnait généralement sur le portique du jardin. Ce que nous pouvons retenir de cette pièce, ce sont trois "tableaux" en particulier. Ce sont en réalité des peintures murales datant de 45-79S après JC qui sont exposées comme des tableaux :
Génie ailé,
Dionysos trônant,
Amazone assise. Les tons ocre et rouge brique prédominent et nous enveloppent. Un pas, et nous voici plongés dans une maison de l'époque, douce et sereine.
La religion domestique,
De nombreux objets sont ici présentés dans des vitrines. Deux ont retenu mon attention : un brûle-parfum en forme de berceau, et un brûle-parfum enlacé d'un serpent. Ces objets, de petite taille, sont en bronze ou en terre cuite et nous rappellent que la religion des habitants de Pompéi dérivait du mélange d'anciennes divinités latines, grecques et étrusques. En effet, les croyances ne se limitaient pas à l'univers des dieux : la superstition et la magie jouaient également un grand rôle.
L'instrumentum domesticum,
Ce moment de l'exposition regroupe trois catégories d'objets : la vaisselle en argent et en bronze, la vaisselle en terre cuite et en verre, et les soins cosmétiques. Nous retrouvons une série de lampes ornées d'animaux, un tabouret,des cuillères, des coupes... Le plus impressionnant ? Un réchaud en bronze qui date du 1erS avant JC ! Ainsi qu'une baignoire, en bronze elle aussi. L'univers des Pompéiens n'a plus aucun secret pour nous, nous nous y sentons bien.
Eros dans la maison,
J'ai beaucoup ri. Non pas à cause de ce qui est exposé (quoi que... des phallus plus grands que deux jambes réunies ? Pourquoi pas.) mais à cause de cette petite note à l'entrée de la pièce que je ne peux m'empêcher de retranscrire : "Dans une société comme celle de Pompéi qui ne connaissait ni le péché ni la pruderie, l'érotisme revêtait un tout autre aspect que celui auquel nous sommes habitués aujourd'hui". Faites attention à vos enfants, c'est choquant ! Ou plutôt, très marrant parce que très improbable. La figure prédominante : le Satyre, sous toutes ses formes (vraiment toutes ses formes !). Petit clin d'œil au
Phallus ailé avec quatre grelots, qui fera chavirer tous les cœurs.
Jardins et péristyles,
C'est la dernière partie de l'exposition. Après des tons chauds, nous voici plongés dans du bleu et du vert, le tout sur un ton très léger. Nous pouvons contempler les peintures de jardin avec ses paons, ses oiseaux...C'est une pièce très lumineuse qui tente vraiment de nous happer dans un labyrinthe de fleurs et de statues en marbre blanc. A la fin du parcours, nous nous retrouvons face à face avec une fontaine en mosaïque, assez grande, constituée de tesselles de pierre et de verre et des coquillages. A cette époque, les abords des piscines étaient décorées de fontaines, comme celle que nous retrouvons ici, et par de nombreuses statuettes aux sujets aquatiques.
Pompéi, un art de vivre est donc une exposition sincère, très agréable et ludique. On se prête au jeu des fouilles archéologiques, sorte d'enquête dans les maisons pompéiennes avant l'apocalypse. Chaque objet a son importance et nous, nous trouvons facilement notre place. Les traces ont traversé les siècles, et c'est en cela que c'est profondément émouvant.